Né à Warnach-Tintange le 27 janvier 1918, Léo Kauten est le huitième et dernier enfant de la famille.
Il fit ses humanités au Collège Saint-Joseph à Virton et poursuivit ses études à l'Université coloniale
d'Anvers, avec le titre de premier de promotion; il acheva ses études à l'Université de Liège dans
les conditions spéciales de la guerre. Pour échapper au travail obligatoire, il entre dans la Résistance.
Camille Joset en fera le responsable du MNB dans la province de Luxembourg. A deux reprises en 1944, il
échappa à la capture par les Allemands.
La guerre terminée, il est docteur en droit le 26 juin 1945 et prête serment d'avocat le 14 octobre 1945
au Barreau d'Arlon qu'il pratiqua jusqu'à sa mort survenue le 3 mai 2004.
Il a connu la grande joie de voir ses deux fils Pierre et Marc suivre ses traces au sein du Barreau
d'Arlon.
Ses pairs l'ont élu huit fois Bâtonnier; il a organisé le 11 juin 1983 la commémoration du centenaire de
la création du Conseil de l'Ordre du Barreau d'Arlon. A cette occasion, il publiera une remarquable
plaquette de 48 pages intitulée BARREAU D'ARLON – 100 ans de Conseil de l'Ordre 1883-1983. On peut y
découvrir des articles de maître Christian Munster, du président Jacques Michaëlis et du procureur du
Roi Albert Militis.
Lors de cette commémoration, le Bâtonnier Kauten rappelait que l'accès des femmes à la profession d'avocat
ne fut permis en Belgique qu'à partir de 1922 et il citait un arrêt de la Cour d'appel de Bruxelles de
1888 qui repoussa la demande de mademoiselle Marie Popelin, docteur en droit, en ces termes:
"Attendu que cette demande ne saurait être accueillie; que la loi qui nous régit, d'accord avec nos mœurs
dont elle est l'expression et le reflet, comme avec les traditions du passé, ne permet pas à la femme
d'exercer devant les tribunaux la profession d'avocat;
"Attendu que la nature particulière de la femme, la faiblesse relative de sa constitution, la réserve
inhérente à son sexe, la protection qui lui est nécessaire, sa mission spéciale dans l'humanité, les
exigences et les sujétions de la maternité, l'éducation qu'elle doit à ses enfants, la direction du
ménage et du foyer domestique confiée à ses soins la placent dans des conditions peu conciliables avec
les devoirs de la profession d'avocat et ne lui donnent ni les loisirs, ni la force, ni les aptitudes
nécessaires aux luttes et aux fatigues du Barreau."
Le samedi 8 juin 1996, une audience extraordinaire fût tenue au tribunal d'Arlon pour fêter le jubilé
d'or de ce grand avocat; différents orateurs avaient souligné ses talents et ses mérites: il était écouté
des magistrats; il avait, suivant l'adage, "l'oreille du tribunal"; ses plaidoiries lorsqu'il s'emballait,
s'entendaient à travers les portes du palais de justice et ses adversaires tremblaient; il savait ce qu'il
fallait dire en toutes circonstances, tant sa compétence et son instinct étaient supérieurs; parmi ses
qualités, on avait remarqué surtout son flair et une capacité d'assimilation formidable.
Dans la magistrature, on le voit juge de paix suppléant du canton de Fauvillers le 3 juin 1948, juge de
paix suppléant du canton de Messancy le 31 mars 1949, juge de paix suppléant du canton de Virton le 9
juin 1972 et président suppléant de la chambre pour ouvriers du Conseil de prud'hommes d'appel de
Libramont le 3 mars 1961.