Combien de fois ne m'a-t-on pas demandé des renseignements sur la famille Michaëlis ? Avec un nom pareil vous devez avoir des origines grecques ! A vrai dire les documents sont rares et peu de choses ont été publiées sur les Michaëlis.
Ainsi notre nom de famille n'était pas fixé d'une façon"ne varietur". Le plus souvent c'est Michel ou Michels tout à fait indifféremment. Par exemple, au commencement du XVIIIe siècle un fils Jean né en 1706 s'appelle Michaelis, ses frères et sœurs Michels. On peut lire dans les actes de baptême d'Arlon que le 6 avril 1772, fut baptisé Théodore fils légitime d'André Michel et de Marguerite Klider; dans son acte de décès du 28 novembre 1842, il est nommé Théodore Michaely. Un acte de naissance mentionne que le 26 pluviôse de l'an 13 de la République a comparu Théodore Michaely âgé de 31 ans, teinturier à Weyler (Autelbas) qui a présenté son fils auquel il a déclaré vouloir donner le prénom de Henry. Dans un autre acte du 15 décembre 1835, il est écrit que Henri Michheili, marchand et teinturier a acheté pour 5.500 francs une maison sise rue Haute à Arlon, numérotée 210.
C'est pourquoi j'ai rassemblé ici, sous forme d'esquisse, une ébauche de données généalogiques.
Le personnage central de cette généalogie est Henri Michaëlis (alias Henry Michaely, Henri Michheili). Il est né à Weyler (Autelbas) le 26 pluviôse de l'an 13 de la République ( 15 février 1805).Il est décédé à Frassem le 6 mars 1884 Son père Théodore Michaëlis (alias Théodore Michaely) est né le 6 avril 1772 et exerçait la profession de teinturier. Il est décédé à Arlon le 28 novembre 1842. Son grand-père André Michaëlis (Alias André Michel) (1742-1794) avait exercé le métier de cordonnier à Fouches. Henri Michaëlis avait épousé Marie-Anne Mertz (1804-1867) originaire de Nerdange (Noerdange), village du Grand-Duché-de-Luxembourg. Ils ont engendré 8 enfants: 6 garçons et 2 filles; leur descendance approche les 400 personnes à ce jour. En 1870, leur fils Jacques publia une "Vie de ma mère, Mémorial de la famille Michaëlis"(1). C'est une sorte de panégyrique de Marie-Anne Mertz écrit dans le style romantique de l'époque. Celle-ci fit ses études primaires à Anlier; elle fut ensuite envoyée à Longwy; nous ne savons pas pour quelle raison, puis elle vint à Arlon pour y apprendre le commerce (2).Vers 1830, elle épousa Henri qui, avec son père Théodore dirigeait une teinturie qui longeait les sources de la Semois, rue de la Tannerie. Cet atelier n'existe plus aujourd'hui. Son métier consistait à teindre les tissus bruts, principalement en utilisant une teinture dite "à l'indienne" très à la mode à cette époque (2). La maison d'habitation d'Henri et Marie-Anne se trouvait au n° 210 de la rue Haute, aujourd'hui rue du Marché au Beurre. Les meilleurs clients d'Henri étaient les Luxembourgeois et il n'est pas étonnant que ses affaires se mirent à péricliter lorsqu'en 1839, le Grand-Duché se sépara de la Belgique et imposa des taxes exorbitantes à l'entrée des produits belges. Ceci nous reporte à l'année 1855, Marie-Anne avait alors 51 ans. Les époux quittèrent Arlon pour s'établir à Frassem. La maison où ils se retirèrent est la dernière du village avant la forêt. Elle y était connue sous le nom de "La Klatie". Ce nom singulier signifierait "La Classe" parce que le bâtiment qui jouxtait la vieille église disparue aujourd'hui, servit d'école. Marie-Anne s'éteignit à Frassem le 20 juin 1867 à l'âge de 63 ans et Henri le 6 mars 1884 à l'âge de 80 ans.
Sur Jean-Pierre Michaëlis, l'aîné des huit enfants de Henri et Marie-Anne, on ne sait pas grand chose. Né à Arlon le 23 juin 1831, il s'engagea fort jeune à l'armée. Mais il se sentait attiré vers le sacerdoce; on raconte que, pendant son service militaire, faisant des manœuvres à cheval, il lui arrivait de lire des prières. Ordonné prêtre en 1857, il exerça d'abord le ministère en France; nommé chanoine honoraire en 1875, il fut ensuite curé de Boeur, où il décéda le 4 juillet 1887 (3). Dominique Michaëlis, le second fils de Henri Michaëlis naquit à Arlon le 29 décembre 1833. Armurier de son état, grand chasseur, il aimait par dessus tout les longues courses dans les bois de son pays. Il était d'une force herculéenne, et lorsque au 19e siècle des bagarres étaient fréquentes à Arlon entre catholiques et libéraux, il en imposait à ses adversaires par sa stature et sa vigueur. Il se fixa d'abord 37 Grand-rue à Arlon. Plus tard, il habita longtemps à la "Belle-Vue". Il mourut à Frassem le 4 octobre 1882 (3). Il avait épousé en 1861, Marie-Catherine Wahl, de Niederpallen (1835-1896) De cette union naquirent huit enfants, dont deux moururent en bas âge. Joseph Michaëlis était le troisième des fils de Henri Michaëlis; il naquit à Arlon le 10 décembre 1835. Il fit ses études à l'école communale puis entra très jeune à l'Administration provinciale du Luxembourg. Il monta rapidement en grade et devint Greffier provincial. Il fut témoin de l'assassinat du Gouverneur Orban de Xivry le 26 janvier 1901. On raconte (4) qu'un jour Catherine Mertz, la fille du bourgmestre de Noerdange, vint à Frassem pour dire au revoir à sa tante Marie-Anne Mertz, avant d'entrer au couvent. La visite terminée, pour rentrer chez elle, elle devait aller prendre le train à Eischen. La tante ne voulant pas laisser sa nièce faire seule à la nuit tombante, le trajet à travers les bois, demanda à son fils Joseph d'accompagner sa cousine jusqu'à Eichen. Ce ne fut pas une prise d'habits que l'on fêta quelques temps après mais les fiançailles des deux cousins ( Joseph et Catherine). Ils se marièrent le 17 septembre 1867 et eurent 12 enfants, 6 garçons et 6 filles. Ils construisirent une superbe maison à Frassem, aujourd'hui, propriété d'un de leurs descendants, Paul Delvenne. Louise Michaëlis, quatrième enfant de Henri et de Marie-Anne, épousa Jean Meyer agent des douanes à Erquelines; Ils eurent quatre enfants dont trois garçons qui, chacun, ont fondé un foyer. Il se peut que nous ayons encore des cousins Meyer dans cette région d'Erquelines
Les détails abondent sur François Michaëlis, le cinquième de la bande, des détails savoureux, quelquefois même scabreux qui ne sont pas sans nous plaire(5). Un sacré caractère ce François Michaëlis. Le personnage de Monseigneur Michaëlis, guérissant par les plantes, ne pouvait tomber dans l'oubli écrivait l'Abbé Muller, curé d'Aubange en 1977, en introduction à l'ouvrage de Léon Delchavée (6). Quel était donc ce personnage, hors du commun, à la fois dévoué aux humbles et réfractaire aux ukases épiscopaux? Il entra à la fin de ses humanités comme novice chez les jésuites de Louvain où il termina ses études. Il quitta la compagnie de Jésus à l'âge de 38 ans pour devenir prêtre séculier. D'abord curé de Mortehan, il fut nommé à la cure de Battincourt où il fonda en 1883, une école catholique qui obtint rapidement un grand succès. En 1884, une sorte de typhus s'abattit sur Battincourt. Ce fut pour François l'occasion de faire preuve d'un dévouement de tous les instants. Est-ce là que naquit sa vocation à soulager la souffrance humaine? Ayant découvert la vertu des plantes médicinales, il s'employa à guérir les malades et sa renommée de prêtre guérisseur s'étendit au loin, au-delà même des frontières du pays. L'Evêché de Namur en prit ombrage et le 12 avril 1889 Monseigneur Descrolière interdit à l'abbé Michaëlis de poursuivre ses activités extra-pastorales et le nomma curé de Corbion. François se rendit à Corbion, sa nouvelle paroisse, seulement le samedi et le dimanche. Cependant il revenait à Battincourt où il fit construire dans sa maison une chapelle où il célébrait la messe et organisait des solennités et pèlerinages en l'honneur de saint Antoine de Padoue. Enfin en 1897, il s'inclina et quitta Battincourt pour s'installer à Aubange dans le domaine de Rougefontaine où il installa son nouvel institut thérapeutique. Les guérisons y étaient nombreuses. Qui est plus, il aurait soigné le cardinal Lavigerie, le fondateur des pères blancs d'Afrique et à cette occasion il aurait reçu le titre de Monseigneur. Jacques Michaëlis est né à Arlon le 9 mars 1844; doué d'une forte intelligence et d'une rare ténacité au travail, il fit de brillantes études, d'abord à l'école communale, puis à l'Athénée d'Arlon où il emporta les premiers prix. Le 8 août 1868, il conquit avec distinction son diplôme de docteur en droit. Installé dans sa ville natale, il ne tarda pas à se faire remarquer au Barreau par ses grandes qualités; il fut élu six fois Bâtonnier de l'Ordre (7). Il ne brilla pas seulement au Barreau, mais aussi en politique. Tandis que ses beaux-frères Godefroid Kurth (8) luttait sur le plan national pour l'idéal chrétien, qu'Alexandre Delmer, dirigeait un grand journal catholique à Bruxelles, et qu'Edouard Winkin était à la tête du mouvement catholique à Saint-Léger, Jacques Michaëlis dirigea pendant très longtemps l'Association catholique d'Arlon (9). Il fut le promoteur de l'installation des Frères Maristes à Arlon en 1888 (10). Le 13 décembre 1870, il épousa Lucy Lavaux, fille du minotier Eugène Lavaux de Saint-Léger (11). Ils eurent 12 enfants dont 3 sont morts en bas âge. Actuellement en 2005, la descendance de Jacques et Lucy Michaëlis-Lavaux comprend cinq générations, dont plus de deux cents membres en vie. Nicolas Michaëlis est né à Arlon en 1848. A l'âge de 17 ans, après ses études à l'Athénée, il s'engagea comme volontaire à l'Armée belge. A peine promu sous-lieutenant il quitta l'armée le 12 avril 1869, pour répondre à l'appel du Pape Pie IX pour la défense des Etats Pontificaux. Sous-officier chez les Zouaves pontificaux, il prit part à la défense de Rome et tout spécialement aux durs combats de "TRE ARCHI". Fait prisonnier, puis embarqué pour Gênes il fut enfermé dans une forteresse, d'où il fut libéré et rapatrié en Belgique. A son retour il entrait au gouvernement provincial et y fit carrière. Le 13 décembre 1876, il épousait Maria Pettinger, née à Kouensdorf (G.D.L.) (Consdorf ?) en 1855 et issue d'une famille très connue en Autriche. De ce mariage sont issus 8 enfants dont 4 survécurent soit, Ignace, procureur du Roi à Huy, Aloys mort au Congo au service du Roi Léopold II, Monique partie en Grèce en 1920 et Jeanne, Moniale de la Visitation depuis 1917. Sur le dernier des 8 enfants de Henri et Marie-Anne, Joséphine Michaëlis, on ne sait quasi rien.
Lucy Lavaux est née à Saint-Léger le 17 septembre 1847 et est décédée à Arlon, le 15 septembre 1921; elle a épousé le 13 décembre 1870 l'avocat Jacques Michaëlis né à Arlon le 9 mars 1844 et y décédé le 30 mai 1916. A Arlon, elle fut Préfète de la Congrégation de la Sainte-Vierge, Membre du Tiers-Ordre de Saint-François et Présidente des Dames de la Miséricorde. Son père, Eugène Lavaux (1811-1885) dirigeait une minoterie "Les moulins de la Paix" à Saint-Léger dont il était propriétaire; avec son épouse Monique Pauline Picard, il a élevé ses 12 enfants, 8 filles et 4 garçons dont 2 sont morts en bas âge. La famille Lavaux était animée par une grande foi chrétienne et était baignée dans un romantisme triomphant. Eugène était aussi un visionnaire; il a publié à Bruxelles en 1851, un ouvrage "Nouveau système du monde ou les premières forces de la nature"; il voit dans la création, un agent universel qui anime et règle l'espace invariablement; dans un autre ouvrage célèbre, paru à Paris en 1876, il complète ses idées de génie.
Dans le courant de l'été 1870, l'avocat Jacques Michaëlis fut appelé en consultation chez Ida, la fille aînée d'Eugène Lavaux qui avait épousé Jules Poncelet de Saint-Léger et qui habitait le petit village d'Orsainfang. C'est là que Jacques Michaëlis fit la connaissance de Lucy; il fut ébloui par celle que l'on appelait à Saint-Léger la reine du Ton. Ne pourrait-on mieux décrire le caractère de Lucy qu'en reproduisant ici, ce qu'elle écrivait le 13 décembre 1897: Ma devise: Va ma barque, Dieu te guide! Mon occupation préférée: Le soin des enfants et des fleurs Le bonheur que je rêve: Je n'en rêve pas d'autre que celui que je possède. Le parfum qui m'est le plus agréable: La fleur d'oranger. Ma couleur de prédilection: Le rose. La fleur que je préfère: Le lys. Mon met favori: Les cerises. Le pays où je voudrais vivre: Le pays du soleil. L'avenir auquel j'aspire: Il n'est plus de ce monde. Les écrivains que j'aime à lire (prose): Saint François de Sales, Ste Gertrude. Mes poètes préférés: Lamartine, Goethe, Schiller, Laprade. Mes peintres favoris: Raphaël, Murillo, Delaroche, Ary-Scheffer La musique que je préfère: Un chant de pèlerins à Lourdes. La science que je place au premier rang: La littérature. Les héros que j'admire dans l'Histoire: St François-Xavier, le Père Damien. Les héroïnes que j'admire dans l'Histoire: Jeanne d'Arc, La mère des Macchabées! La qualité qui me plait chez un homme: L'esprit. La qualité qui me plait chez une femme: La bonté. Les noms que je trouve agréables: Sarah, Rachel, Paul, Stanislas. Ce que j'ai en plus grande aversion: Le mensonge. La faute pour laquelle j'aurais de l'indulgence: Celle que je commets moi-même. La vertu que j'estime le plus: La piété. La distraction qui me charme: La musique, le chant. Le trait saillant de mon caractère: La confiance. Lucy et Jacques ont procrée 12 enfants: - Stanislas (14 septembre 1871- 8 octobre 1871) - Franciska (9 octobre 1872-23 novembre 1959) ép. Charles Godenne, avocat à Namur - Éléonore (21 janvier 1874-1 mars 1937), infirmière de guerre en France - Irène (11 août 1875-8 mai 1960) ép. Adrien Claes, avoué à Namur - Espérance (5 octobre 1878-14 juin 1951) - Régina (7 mai1880-9 mars 1963) - Marie (2 février 1882-1962), religieuse laïque - Louis-Joseph (24 juin1883-26 juin 1883) - Jean-Marie (24 juin 1883-25 juin1883) - Maria-Cécilia (14 août 1884-20 juillet 1968) ép. Léon Lamy, architecte à Arlon - Xavier (30 novembre 1886-9 juin 1972) ép. Alice Francken, avocat à Arlon - Jean (25 janvier 1889-26 août 1983), ép. Mariette Wanlin, président du tribunal d'Arlon.
Photo prise dans le jardin Michaëlis à Arlon avec l'église Saint-Martin, en construction en 1912. De G. à D. : Jean Michaëlis, avocat – Jacques Michaëlis, bâtonnier – Xavier Michaëlis, avocat. (Le père entouré de ses deux fils)
Pour consulter la généalogie détaillée de la famille Michaëlis-Lavaux-Rogier-Picard, où sont relevés les noms de 471 individus (plus 1292 masqués): www.planete-genealogie.fr/marielleanne/familles_lavaux_rogier_et_picard/
(1) Jacques MICHAELIS, "Vie de ma mère, Mémorial de la famille MICHAELIS", Arlon, 1870, Imprimerie Godenne à Namur, 1926 (2) Betty CLAES,"Souvenirs de Famille, Henri Michaëlis, Marie-Anne Mertz et leurs enfants", Arlon, 1993. (3) Xavier MICHAELIS, Mémorial de la famille Michaëlis, inédit et Collection de souvenirs mortuaires, Arlon, 1972. (4) Betty CLAES, Op. Cit. (5) Betty CLAES, op. cit. (6) Léon DELCHAVEE, "Un haut lieu aubangeois, Rougefontaine", Aubange, 1977. (7) Jacques MICHAELIS, "Le Palais de Justice d'Arlon", dans A.I.A.L., 1995-1996, pp.309 à 331. (8) Sur Godefroid Kurth : -Alfred BERTRANG, "Histoire d'Arlon", Everling, Arlon, 1953, pp. 355 à 359. -Xavier MICHAELIS, "Godefroid Kurth", Vieux-Virton, 1961. -Fernand NEURAY, "Une grande figure nationale. Godefroid Kurth" Bruxelles-Paris, 1931. (9) Sur l'Action sociale à Arlon : -Jean-Claude DELHEZ, "Fernand Neuray", A.I.A.L., 1987-1988. -Jean-Marie KREINS, "Le R.P.Alphonse Cus", A.I.A.L.,1991-1992. -Eddy LOUCHEZ, "L'Avenir du Luxembourg 1894-1994", La presse luxembourgeoise, Arlon, 1994. (10) Sur l'Installation des Frères maristes à Arlon: -75 ANS D'HISTOIRE – INSTITUT SAINTE MARIE ARLON, Presse Luxembourgeoise, Arlon, 1963. -ISMA 100e ARLON 1888-1988, Presses de l'Avenir, Arlon, 1989. -Claude MEYERS "Souvenirs Maristes", Editions du C.C.A.G., Arlon, 2005. (11). Sur la famille Lavaux: -Marcel BOURGUIGNON,"L'ère du fer en Luxembourg", A.I.A.L., 1993-1994, pp.284, 619, 620, 637. -Godefroid KURTH, "Mémorial de la famille Lavaux," Namur, 1893. -Fritz MASOIN, "En souvenir 1837-1937, Septfontaines-Saint-Léger", Dasnoy-Lambert, Namur, 1938. -Xavier MICHAELIS, "Mémorial des familles Picard et Lavaux", Presse Luxembourgeoise, Arlon, 1959.