Document sans titre SITE D'INFORMATION SUR ARLON, SA REGION ET SES HABITANTS par Jacques Michaëlis.

BERGER, Nicolas,

Avocat, membre du Congrès national, président du tribunal de première instance d'Arlon, banquier, est né à Roodt sur Syr (Grand-Duché de Luxembourg) le 2 janvier 1800. Il fit ses études de droit à L'Université de Liège puis s'installa comme avocat à Luxembourg en 1823 et fut ensuite nommé juge de paix dans cette ville en 1829. Après les évènements de 1830, il est devenu successivement juge (16 octobre 1830), juge d'instruction (21 novembre 1830), vice-président (4 octobre 1832) et président ( 29 juillet 1837) du tribunal de première instance d'Arlon. Admis à l'honorariat le 16 juillet 1868, il est décédé à Arlon, le 8 avril 1883. Député au Congrès national, il siégea à la Chambre des Représentants, de 1831 à 1839; c'est en cette qualité qu'il participa aux travaux de la Commission des Limites à tracer entre la Belgique et le Grand-Duché, en exécution du Traité des XXIV articles; par son intervention, le village de Martelange et la banlieue d'Arlon sont restés belges. Abandonnant la politique en 1840 il fonda à Arlon une banque portant son nom et contribua à l'administration de la "Société des Forges de Sarrebrück", l'une des trois sociétés qui fusionnèrent en 1911 pour constituer l'Arbed. Au fil des ans, il crée d'autres sociétés et c'est ainsi qu'on le retrouve en tant qu'actionnaire principal de la Société en commandite Berger frères et Cie, avec comme autres actionnaires son épouse, ses fils François et Jean Baptiste et ses gendres, Adolphe Tesch, Odon Dury et Victor Tedesco.(i) Ce qui frappe d'emblée lorsque l'on évoque la vie et la carrière de ce président, c'est le cumul de ses fonctions publiques: il fut en même temps magistrat, député à la chambre des Représentants et administrateur de la banque qui porte son nom. Comment était-il possible d'être à la fois juge, mandataire politique et banquier? Quelle facilité de travail, quelle force de volonté, quelle variété des connaissances devaient être réunies dans un seul homme! Mais aussi quel danger pour l'indépendance du magistrat! Il avait épousé Catherine Reuter dont il eut de nombreux enfants:

  1. Auguste né en 1823, avocat puis juge au tribunal de première instance de Dinant
  2. Anne Angélique née en 1825 qui a épousé en 1849 Adolphe Tesch, notaire à Messancy, frère de Victor Tesch lui-même fils de Jean Frédéric Tesch et de Marie-Cécile Nothomb
  3. Eugénie née en 1827 qui a épousé Victor Tedesco, avocat à Arlon, président du Conseil provincial en 1887
  4. François, né en 1828, homme d'affaire très audacieux qui devint la cheville ouvrière de la banque paternelle
  5. Thérèse, née en 1829 qui a épousé Odon Dury, banquier et négociant, puis commissaire d'arrondissement à Marche
  6. Jean-Baptiste, né en 1831, banquier très mêlé aux affaires commerciales et industrielles de la banque familiale; c'est lui qui était gérant de la banque "Berger Frères" lorsque le tribunal d'Arlon homologuât, par jugement du 21 octobre 1886, le concordat préventif à la faillite
  7. Fortunat, né en 1833, avait épousé en 1861 Eugénie Hollenfeltz fille du bourgmestre Pierre Hollenfeltz; après avoir été quelques temps officier à l'armée revint se fixer à Arlon pour s'occuper de la banque familiale
  8. Anne-Adélaide qui a épousé André Lambinet, notaire à Virton
  9. Virginie qui a épousé Victor Schoren

Nous aimons à reproduire ici des extraits du discours prononcé sur la tombe de Nicolas Berger par le président Houry(ii): "Doué d'un sens juridique remarquable, d'une rectitude de jugement rare, d'une intelligence vive et prompte, possédant en même temps la connaissance parfaite des textes légaux, il saisissait de prime abord le point délicat et décisif, le nœud de l'affaire la plus compliquée et la plus difficile, et, la solution trouvée, il savait la formuler immédiatement dans un jugement clair, net, précis. Il avait aussi la qualité maîtresse du magistrat, sans laquelle les autres ne sont rien: l'impartialité... "Tous ceux qui l'ont connu peuvent témoigner de la sûreté de ses relations, de l'aménité et de l'amabilité de son caractère, du charme de sa conversation enjouée, fine, spirituelle, de son dévouement à ses amis, de sa bienveillance constante pour tous, de son esprit de charité: jamais malheureux n'a frappé en vain à la porte de la maison Berger. Que dirais-je enfin de l'affection qu'il portait à sa femme et à ses enfants? Tous ceux qui ont été admis dans l'intimité de sa famille savent quelle union régnait dans ce ménage modèle, quel immense chagrin a causé à ce mari modèle la mort de sa compagne à jamais regrettée, quel amour tendre et dévoué il avait pour ses enfants. Et ceux-ci le lui rendaient bien. C'était vraiment un spectacle touchant de voir, à certains jours, ce beau, robuste et aimable vieillard entouré de sa nombreuse lignée, qui comprenait jusqu'à trois générations, et sur laquelle il avait conservé sans contestation l'autorité du père de famille, autorité basée exclusivement sur l'amour et le respect. .."(iii)

(i) BOURGUIGNON Marcel, Nicolas Berger, Archives de l'Etat, Fonds Bourguignon. MICHAELIS Xavier, Deux avocats condamnés à mort, Ed. du Sorbier, Arlon, 1969.
(ii) HOURY Charles, né à Frisange le 13 mars 1829, président du tribunal de première instance d'Arlon le 9 mars 1873.
(iii) L'indépendant d'Arlon et du Luxembourg, 15 avril 1883, I.A.L. Arlon..