Il nous a paru intéressant de rassembler les souvenirs de personnages illustres qui, pendant un siècle et demi, ont animé la vie judiciaire arlonaise. Les renseignements biographiques sont tirés des Archives de l'Etat à Arlon et des archives du Palais de justice d'Arlon auxquelles j'ai eu accès pendant les dix huit ans de ma présidence à la tête du tribunal. J'ai consulté des articles de presse, des avis nécrologiques, des faire-part mortuaires et des textes d'éloges funèbres prononcés par des magistrats. J'ai consulté également le Moniteur belge, la Pasinomie et les Annuaires administratifs. Les matériaux existent mais il faut les rassembler, les analyser et en faire la synthèse. J'ai pris comme base de travail le texte de mon étude sur le Palais de justice d'Arlon, parue dans les Annales de l'Institut archéologique du Luxembourg, 1995-1996, pages 309 à 331. Cependant, à la place d'une liste chronologique des magistrats, j'ai préféré dresser un classement alphabétique. L'index qui suit le rappel historique présente un tableau des anciens magistrats d'Arlon et de leurs suppléants. (Cliquer du bouton gauche de la souris sur un des 85 noms, pour ouvrir une biographie).
C'est la loi du 27 ventôse an VIII (18 mars 1800) sur l'organisation judiciaire qui a établi un tribunal de première instance par arrondissement. Cette organisation a subsisté et il existe actuellement encore un tribunal de première instance par arrondissement judiciaire. Les arrondissements judiciaires sont à leur tour, subdivisés en cantons à la tête desquels siège un juge de paix. Sans doute est-il intéressant de rappeler que sous l'empire de Napoléon 1er, le département des Forêts était divisé en cinq arrondissements judiciaires: Luxembourg, Diekirch, Saint-Hubert, Marche et Neufchâteau. Les cantons d'Arlon et de Messancy dépendaient de Luxembourg tandis que le ressort territorial de Neufchâteau s'étendait aux cantons de Fauvillers, Florenville, Etalle et Virton. Arlon n'était qu'une humble bourgade, emprisonnée dans son enceinte muraillée et comptant à peine trois mille habitants; il n'y avait qu'une justice de paix; par conséquent, les Arlonais devaient se rendre à Luxembourg pour entendre débattre et juger leurs litiges importants. C'est le 16 octobre 1830 que le Gouvernement belge transféra à Arlon le siège du tribunal de première instance de Luxembourg avec compétence sur tout l'arrondissement à l'exception de la forteresse de Luxembourg. On parlait alors du tribunal de première instance de Luxembourg siégeant à Arlon. La situation était ainsi renversée puisque les Luxembourgeois étaient désormais jugés à Arlon. C'est pourquoi dans nos archives il se trouve maints jugements mettant en cause des habitants de Bettembourg, Betzdorf, Grevenmacher, Merch et Remich. On peut dès lors affirmer que l'histoire du tribunal d'Arlon commence le 16 octobre 1830. Un président, un vice-président et cinq juges étaient nommés par le Gouvernement provisoire de Belgique mais quatre parmi ceux-ci n'ont pas accepté leur fonction et ont été démissionnés le 21 novembre suivant. Cet état provisoire devait se prolonger jusqu'en 1839 lorsque Guillaume 1er accepta le traité des XXIV articles consacrant la séparation définitive des deux Luxembourg. Mais si le tribunal d'Arlon perdit les cantons "grand-ducaux", en revanche, il gagnera le 16 juin 1839 ceux de Fauvillers, Etalle, Florenville et Virton. Dans cette période qui va de 1830 à 1867, le tribunal de première instance d'Arlon a siégé dans les locaux de l'hôtel de ville d'Arlon, maison située près de l'ancienne église Saint-Martin. Un nouveau bâtiment a été construit sur la place Léopold et fut inauguré en 1867. A la fin du XXe siècle, un majestueux centre judiciaire a pris forme à la place Schalbert; la première phase (bâtiment de forme carrée), a été terminée en 1993; la seconde phase, (bâtiment de forme ronde), a été inaugurée le 7 avril 2003. A l'heure actuelle tous les services judiciaires y sont rassemblés. L'architecte François Louwet a voulu, à la fois un ressemblance et une différence entre les deux bâtiments, ressemblance par les façades vitrées et teintées brunes et différence dans les volumes: le cube et le cylindre! Les deux bâtiments sont reliés entre eux par une passerelle devant laquelle se dresse un monument en fer appelé "Open five"; c'est une oeuvre de l'artiste Serge Gangolf; pour certains, il évoque un "torque" en souvenir de l'origine celtique de la cité arlonaise (Orolaunum).
Le centre judiciaire d'Arlon